La série « Radiographie d’une maison » est né d’une carte blanche donnée par la Ville de Rochefort, pour poser mon regard sur la maison de Pierre Loti.
J’ai donc pu entrer dans la maison du célèbre écrivain rochefortais, mais dans des conditions particulières, puisque la maison est aujourd’hui fermée au public et dépouillée des objets de sa
collection. Il reste l’écrin fragilisé, orphelin des oeuvres-pansements déposées sur les angoisses de Loti. Peur de la vie, peur de la mort, peur de la maladie, peur de la vieillesse, peur de l’absence…

En passant la porte, j’ai été bercée par les écrits de Loti qui résonnent encore dans les espaces vides. Son enfance plus que choyée par les femmes de sa vie, mère, tantes, grand-mère, soeur –
ces présences rassurantes, étouffantes, ce confinement qui appelle au rêve, aux horizons lointains – le théâtre de figurines, la grotte dans le jardin, les pavés qui recouvrent les chats. Les fenêtres – une maison en pays de lumière intense, qui se replie sur elle-même et retient toutes les obscurités.
Émue, oui, je l’ai été, en ressentant si bien ce qu’il écrivit il y a longtemps déjà. Voyageur de tous les horizons, Loti était étrangement lié à son port d’attache. S’introduire dans ce lieu à la fois fantasque et austère, c’est rencontrer une grande dame de plus de 200 ans, une maison sans fard, colonne vertébrale de Loti, une coquille vide emplie de silence et de souvenirs, une vieille amie mélancolique, qui me dévoile, avec pudeur et sincérité, ses failles, faiblesses, cicatrices.

Cela peut sembler triste, mais j’y ai trouvé une ineffable beauté. J’ai eu le sentiment d’un tête à tête avec Loti à vif, d’une plongée vertigineuse dans son intimité.»